Archive | mai, 2012

Le sourire de ma grand-mère

13 Mai

Le sourire de ma grand-mère

C’était un beau dimanche de fête des mères. La famille était réunie autour de la table, à discuter, à rire. Nous aimons bien bruncher tous ensemble. Certains ont beau trouver que ces fêtes ont un caractère commercial, il n’en reste pas moins que c’est un bon moment pour prendre le temps de s’arrêter et dire à notre maman qu’elle compte pour nous. On n’imagine pas toujours les situations qui peuvent ensuite s’ouvrir à nous, créant ainsi des souvenirs impérissables.

Durant le brunch, avec deux Français à table, on s’est mis à parler du bon agneau du Mont Saint-Michel, dont la chair est salée, pour avoir été nourri aux herbes et algues qui sont accessibles au pied du mont, à marée basse. Un souvenir en appelant un autre, ma mère évoque ensuite le bon rôti de porc de sa mère, dont elle n’a malheureusement pas la recette. « Quand je la lui demandais, explique-t-elle, elle me répondait: « Mais, regarde! Fais comme moi! Tu n’as qu’à mettre un peu de ceci, un peu de cela… » Pas moyen de mettre la main sur l’ingrédient secret, ce qui fait que le rôti de porc de ma grand-mère restera à jamais… le rôti de porc de ma grand-mère!

Et ma mère sort un petit cahier d’école, dans lequel ma grand-mère a noté toutes ses recettes -sauf celle du fameux rôti de porc! Je me suis mise à feuilleter le cahier, avec émotion. Cette belle calligraphie, si fine et régulière, que je n’ai plus vue depuis plus de 20 ans. Tout y est noté minutieusement et pas une ligne n’est sautée, par souci d’économie de papier. Et là, entre deux pages, un poème est glissé, qu’elle a évidemment écrit de son habile main. […]

Le jour où la marche ne s’est pas arrêtée

7 Mai

Le jour où la marche ne s’est pas arrêtée

Ils s’étaient rassemblés pour défendre ce qu’ils estimaient être un droit fondamental. Le temps était bon, l’humeur était joyeuse. Ensemble, ils ont entamé la marche. Hommes, femmes, enfants, ayant aux pieds chaussures de ville comme chaussures de marche, tous allaient d’un même pas. C’était un grand rendez-vous, tous étaient vêtus proprement: ils allaient rencontrer l’instance décisionnaire.

Au début du parcours, aucun obstacle, aucune présence policière. Ils en ont été un peu surpris. Ils n’en étaient pas à leur première manifestation. Des étudiants avaient travaillé de concert avec la communauté pour mettre sur pied une campagne de sensibilisation. Certains rassemblements avaient été houleux. Récemment, une des leaders du groupe, une femme bien estimée de la communauté, avait été arrêtée, violemment, jetée au sol, ce qui a suscité beaucoup d’indignation. En guise de protestation, un groupe de professeurs s’est formé. Ils étaient 125. Ils sont allés parler au chef de police, lui donnant une leçon de démocratie: « Ce n’est pas un problème local, c’est un problème national. Vous ne pourrez empêcher qui que ce soit de voter, c’est à la base de notre démocratie ».

Cent vingt-cinq professeurs sont allés parler démocratie avec les policiers

L’appui des professeur a insufflé un vent d’espoir chez les jeunes. […]