Le sourire de ma grand-mère

13 Mai

Le sourire de ma grand-mère

C’était un beau dimanche de fête des mères. La famille était réunie autour de la table, à discuter, à rire. Nous aimons bien bruncher tous ensemble. Certains ont beau trouver que ces fêtes ont un caractère commercial, il n’en reste pas moins que c’est un bon moment pour prendre le temps de s’arrêter et dire à notre maman qu’elle compte pour nous. On n’imagine pas toujours les situations qui peuvent ensuite s’ouvrir à nous, créant ainsi des souvenirs impérissables.

Durant le brunch, avec deux Français à table, on s’est mis à parler du bon agneau du Mont Saint-Michel, dont la chair est salée, pour avoir été nourri aux herbes et algues qui sont accessibles au pied du mont, à marée basse. Un souvenir en appelant un autre, ma mère évoque ensuite le bon rôti de porc de sa mère, dont elle n’a malheureusement pas la recette. « Quand je la lui demandais, explique-t-elle, elle me répondait: « Mais, regarde! Fais comme moi! Tu n’as qu’à mettre un peu de ceci, un peu de cela… » Pas moyen de mettre la main sur l’ingrédient secret, ce qui fait que le rôti de porc de ma grand-mère restera à jamais… le rôti de porc de ma grand-mère!

Et ma mère sort un petit cahier d’école, dans lequel ma grand-mère a noté toutes ses recettes -sauf celle du fameux rôti de porc! Je me suis mise à feuilleter le cahier, avec émotion. Cette belle calligraphie, si fine et régulière, que je n’ai plus vue depuis plus de 20 ans. Tout y est noté minutieusement et pas une ligne n’est sautée, par souci d’économie de papier. Et là, entre deux pages, un poème est glissé, qu’elle a évidemment écrit de son habile main.

Un sourire ne coûte rien et produit beaucoup.
Il enrichit ceux qui le reçoivent, sans appauvrir ceux qui le donnent.
Il ne dure qu’un instant…

« Ha! Mais je le connais, ce poème!, s’exclame le conjoint de ma mère. Je l’ai reçu par Internet!
– Eh bien voilà! ai-je enchaîné du tac-au-tac. Tu vois, c’est ma grand-mère qui l’a écrit! J’en ai la preuve manuscrite devant moi! »

Ben quoi? Jusqu’à preuve du contraire, je peux bien croire cette version des faits, non?

Bonne fête des mères à toutes ces extraordinaires mamans et grand-mamans qui enrichissent nos vies et nous font vivre, même bien après leur mort, des moments tout à fait magiques! Pour vous, ce poème transcrit par ma grand-mère, il y a, probablement, plus de 50 ans…

Un sourire ne coûte rien et produit beaucoup.
Il enrichit ceux qui le reçoivent, sans appauvrir ceux qui le donnent.
Il ne dure qu’un instant, mais son souvenir est parfois éternel.
Personne n’est assez riche pour pouvoir s’en passer,
Et personne n’est trop pauvre pour ne pas le mériter.
Il crée le bonheur au foyer, est un soutien dans les affaires et le signe sensible de l’amitié.
Un sourire donne du repos à l’être fatigué, rend du courage au plus découragé, console dans la tristesse et est un antidote de la nature pour toutes les peines.
Cependant il ne peut s’acheter, ni se prêter, ni se voler.
Car c’est une chose qui n’a de valeur qu’à partir du moment où il se donne.
Et si quelquefois vous rencontrez une personne qui ne vous donne pas le sourire que vous méritez, soyez généreux, donnez-lui le vôtre.
Car nul n’a autant besoin d’un sourire que celui qui ne peut en donner aux autres.

 

(Photo: Jean-Marie Adam)