Martine Bertrand: du fil rouge et des histoires

10 Déc

Martine Bertrand: du fil rouge et des histoires

Elle est pétillante, elle est joviale, elle est dynamique et elle est peintre. Martine Bertrand s’exprime avec ses pinceaux comme d’autres s’expriment avec les mots et toutes ces qualités se retrouvent sous ses traits de couleur. Le résultat est tantôt ludique, tantôt pur et esthétique, tantôt chargé de mouvement.

« Les papiers m’inspirent beaucoup. Souvent, je ne travaillerai pas sur du papier blanc. Ça me bloque. Le fait de travailler sur un papier écru, ou un papier kraft, j’aime tellement ça! » On retrouve d’ailleurs, à sa nouvelle exposition, une série de tableaux d’inspiration japonaise, avec de petites geishas dessinées à l’encre de chine sur ce papier formé de longues fibres entrelacées qu’est le papier japonais. Elle explore d’ailleurs l’art du sumi-e, une technique de peinture japonaise, que l’on verra probablement lors d’une prochaine exposition. « C’est un autre monde. C’est la même gestuelle que quand j’ai fait les logogrammes d’Arrival, la rondeur, les fréquences auxquelles je dessine, l’état d’âme…  »

 

Arrival, si vous ne l’avez pas vu, est un film de science-fiction américain, réalisé par le Québécois Denis Villeneuve, dans lequel des extraterrestres tentent d’entrer en communication avec les humains. Martine a créé le langage extraterrestre, constitué de logogrammes de formes arrondies.

 

Pas étonnant qu’elle ait réussi à créer un langage graphique à elle seule, car la répétition se retrouve dans nombre de ses oeuvres. Sa main court seule sur le papier, comme dotée d’une intelligence qui lui est propre. Après, s’en dégagent un langage, un personnage, une impression. On pourrait même dire que sa spécialité est les « petits personnages », comme elle les appelle. « Ça part tout seul, c’est automatique. Je les prends comme ils viennent; après, quand je les retouche avec mon graphite, je les arrange un peu. Mais je prends le personnage comme il est. Il y en a des beaux, il y en a des bizarres, c’est comme la société! »

Elle aime le fait qu’à l’intérieur des tableaux où se trouvent beaucoup de répétitions, comme dans ses galeries de petits personnages, chacun puisse se perdre dans le tableau et s’amuser à se raconter une histoire avec les multiples personnages. « J’aimerais un jour faire un énorme tableau pour Ste-Justine, pour les enfants malades, dit-elle, pour qu’ils partent dans le dessin… qu’ils aient ça dans leur chambre ou je ne sais trop. Tu peux aller loin là-dedans ! » s’exclame-t-elle. « Ça attire beaucoup les enfants, ce que je fais. J’adore les enfants, ça me nourrit. »

 

Artiste complète, Martine Bertrand était auparavant conceptrice de costumes, au ballet à à l’opéra. La Scala, Opéra de Paris, Opéra de Munich, Opéra d’Oslo: les plus grandes compagnies réservaient ses services et se succédaient à son agenda. « J’avais toujours une aiguille dans les mains. Quand les gens venaient chez moi, soit ils marchaient sur une aiguille, soit ils s’assoyaient sur une aiguille. J’étais comme un porc-épic ! », se souvient-elle en plaisantant. Ainsi, comme un clin d’oeil à cette époque révolue, elle insère à ses dessins, çà et là, un point de fil rouge, un encadré, une simple ligne de fil, qui relie entre eux des dessins, des personnages.

Si vous avez envie de découvrir son travail, passez par la Galerie Espace, sur St-Laurent, d’ici le 12 décembre. Et suivez son travail sur son site Internet et sur sa page Facebook. Ses toiles se vendent comme des petits pains chauds!

 

(2017)