Tag Archives: bonheur

Petite bulle de bonheur

4 Nov

Petite bulle de bonheur

Dans ces jours où l’automne s’efface doucement, où la froidure et la noirceur gagnent à chaque instant un peu sur notre moral, je me terre dans mon bureau et travaille. Lors de petites pauses où mon esprit divague, j’ai l’impression d’entendre, dans un écho lointain et délicat, le rire ensoleillé de mes enfants jouant dehors.

Comme si le temps se tordait, je suis aspirée dans les dernières chaudes journées de l’automne 2015, alors que l’été ne voulait plus nous quitter et que nous continuions de nous languir dans cette chaleur agrémentée du voile chatoyant des couleurs automnales. Mon Petit Coeur n’avait alors que 21 mois. Nous faisions des bulles, dans la cour. « Encore maman! », lançait-elle en riant. À pleins poumons, à plein bonheur, je soufflais et gonflais des bulles de savon. Sans répit, avec une joie qui ne se tarit pas, elle courait et sautait derrière chacune pour les attraper. Et elle riait, haut et fort. Sans relâche, avec un plaisir jamais altéré, elle recommençait sa course, ses sauts, sa poursuite des bulles de savon. Et je me suis dit que c’était sans doute ça, le bonheur. Que cela. Réussir à vivre ce plaisir simple, entier et naïf dans l’atteinte d’une bulle de savon. Peu importe qu’on l’attrape ou pas, cette bulle. Le plus grand des plaisirs résidait dans sa poursuite.

Cette année encore, durant les belles journées de l’automne, nous avons fait le même jeu. Et dans la beauté de l’enfance, Petit Coeur s’est élancée avec le même entrain et le même rire derrière les bulles. Le vent les balançait, les ballottait. Et elle courait. Le soleil y faisait luire des reflets parfois bleus, parfois roses. La magie était la même. Le bonheur encore palpable. J’avais de l’admiration pour sa capacité à s’émerveiller toujours autant devant les bulles de savon. Je me suis promis de ne pas l’oublier et de prendre exemple sur ces deux petites années et demi d’existence.

Parce qu’en fait, ce n’est pas comme si c’était la dernière, qu’il nous faudrait vivre chacune de nos journées, mais bien comme si c’était la toute première. Encore et encore. C’est ainsi seulement, que l’on conserve une capacité d’émerveillement devant la vie et sa beauté. Il me semble…

 (2016)

Au jardin des mots et du bonheur

30 Sep

Au jardin des mots et du bonheur

Samedi après-midi, dans le soleil ambré de la fin de journée, nous nous sommes rendus, mon amoureux, ma fille et moi, dans le jardin de Kim Thuy, qui y recevait quiconque passait par-là et qui souhaitait s’offrir une pause de verdure et de culture.

Nous y sommes arrivés en fin d’après-midi. Depuis la ruelle, nous nous sommes faufilés entre clôture et cabanon, écartant au passage quelques branches d’arbres, pour nous joindre à une foule déjà nombreuse. Nombreuse et silencieuse. Michel jouait du piano. Michel Montreuil est un ami d’enfance, un gars drôle et talentueux que j’étais très fière de voir sur cette scène qu’était devenue la terrasse de Kim. Sous ses doigts agiles chantaient des notes qui volaient et virevoltaient au gré du vent et du bruissement des feuilles, de têtes grises en jeunes oreilles. Le jardin des mots devenu musical emplissait totalement l’espace et sûrement bien au-delà.

J’avais à peine fait un pas sur l’herbe verte que déjà, j’étais happée par cette bulle de bonheur. Un mot de Kim, une guitare, un troubadour: Michel Rivard entame maintenant quelques airs dans cette langue si imagée et colorée qu’on lui connaît. La lumière maintenant oblique descend doucement sur le jardin, l’ombre des feuilles vient chatouiller le chanteur, c’est splendide et je suis bien. Derrière moi, mon amoureux m’enlace de ses bras, et pose ses mains sur mon ventre, sur l’enfant qui viendra. Un peu plus loin devant, ma grande fille me regarde en souriant, heureuse, et m’envoie un baiser à la volée. Dans ce jardin, à ce moment-là, tout était parfait. Une vaste émotion m’a envahie, comme une boule de chaleur montée en moi, faisant jaillir de mes yeux un trop plein de bonheur.

Chez Kim, ce jour-là, l’herbe était plus verte que nulle part ailleurs.