Elvis est mort!
17 Août
17 août 1977. Je suis chez ma grand-mère. Notre famille s’était installée chez elle, à Ste-Thérèse. Après avoir passé un an en Haïti, on y faisait la transition, le temps que les parents retrouvent du boulot et un toît pour loger leurs enfants.
La cuisine était principalement meublée d’une grande table en bois. À une extrémité, un long comptoir parsemé de paillettes dorées qui faisait presque toute la maison en profondeur, soit jusqu’à la véranda menant à la cour arrière. Derrière la table, un vieux vieux frigo et un vieux congélo, côte à côte, qui devaient dater des années 50, avec ces grosses poignées qu’il fallait tirer vers soi pour ouvrir la porte et dont on a arrêté la fabrication parce que nombre d’enfants impétueux, jouant à cache-cache, étaient restés pris à l’intérieur. À l’autre extrémité, un buffet assorti à la table et, juste à côté, debout, interdite, le journal du matin entre les mains, ma grand-mère qui s’exclame: « Elvis est mort! »
En moins de deux, la tablée était debout réunie autour d’elle. Ma mère se lève précipitamment: « Quoi ? Elvis est mort ? » Et moi, toute petite, qui veut prendre part à l’agitation, je délaisse subitement mon bol de céréales: « Qu’est-ce qui se passe ? Qui est Elvis ? Maman, pourquoi c’est grave ? »
Il y a des moments comme ça, sans trop qu’on sache pourquoi, qui restent à jamais gravés dans notre mémoire. Il paraît que tout le monde se souvient de là où il était quand Armstrong a marché sur la lune. Moi, je n’étais pas née. Mais je me souviens du lendemain de la mort d’Elvis, du référendum de 80, de la chute de Duvalier en 86 et j’espère vivement que ma fille se souviendra de la mort de Michael Jackson. Parce que quand le roi meurt, on ne crie pas toujours: « Vive le roi! »
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