Le week-end dernier, alors que j’étais avec mon amoureux et bébé chéri, j’ai presque arrêté de respirer. Obstruction partielle des voix respiratoires. C’est vraiment désagréable.
Ce qui se voulait, donc, un petit souper tranquille en famille a été plombé d’un moment de stress intense: je n’arrivais plus à respirer ! J’ai eu, à ce moment, une pensée pour ma grande fille, absente ce soir-là, qui aurait été complètement renversée d’entendre ma respiration bruyante (et croyez-moi, c’est très bruyant quand il n’entre qu’un filet d’air dans vos poumons!) et j’ai été soulagée de ne pas avoir à gérer son état d’âme. Bébé est encore trop insouciant pour se rendre compte du drame qui se vit, mais absorbe néanmoins le stress. Mon amoureux, lui, a fait tout ce qu’il fallait faire, mais je ne savais pas qu’il savait.
Durant ces longues secondes où l’air n’entrait pas correctement dans mes poumons, le temps s’est en quelque sorte dilaté. C’est comme si tout autour de moi allait plus lentement, alors que, moi, j’avais l’impression de tout faire en vitesse accélérée. Quand on manque d’air, on devient ultra-éveillé. Les idées se bousculaient dans ma tête. Mon bébé est-il en sécurité? Où est le téléphone? Mon amoureux sait-il quoi faire si je m’évanouis? Et mes poumons qui ne laissent toujours pas entrer l’air dont j’ai besoin. Ça m’est déjà arrivé. Parfois, c’est une histoire de deux ou trois respirations. J’en suis à cinq. Quand cela va-t-il se rétablir? J’essaie de tousser. Ça ne fonctionne pas. C’est ce qu’on apprend dans les cours de sauvetage: « Toussez, madame! Toussez! » Huit. Neuf. Dix respirations. Bientôt plus assez d’air qui rentre pour pouvoir tousser. Mon amoureux me dit de lever un bras, que ça aide à décoller les parois des voies respiratoires. Je l’écoute et tousse de nouveau. Douze. Treize. Puis rien. Toujours rien. Presque rien qui sort et presque rien qui n’entre. Je lui fais signe de se préparer à appeler de l’aide. Dix-sept. Dix-huit. Un satané petit grain de poivre s’est collé quelque part dans ma gorge, sur le côté, et m’a fait tousser. Je n’ai même pas une véritable obstruction, seulement un spasme. Vingt. C’est trop long.
Et là, mon amoureux me dit: « Arrête d’essayer de tousser un moment, et essaie de respirer lentement. » Pas le temps d’argumenter, mais jamais dans mes cours de sauvetage on ne m’a appris ça! Il faut encourager la personne à tousser jusqu’à ce que l’air ne passe plus. À ce moment-là seulement, on commence des manoeuvres. Du moins, c’était la marche à suivre quand j’ai suivi mes cours, adolescente. Ça a peut-être changé. Vingt-deux. Ma respiration fait un bruit d’enfer, même moi, je suis impressionnée! Je fais ce qu’il me dit. Surprise! J’arrive à expirer lentement, à ne laisser sortir qu’un filet d’air et ça me fait du bien, ça relâche légèrement le spasme et diminue le bruit. Je retrouve le souffle qu’il faut pour tousser de nouveau. Nouvelle perte de contrôle. Difficile de le reprendre, mais j’y arrive et, encore, j’expire lentement, longuement. Cette fois, j’arrive à faire entrer un peu plus d’air. Vingt-six. Je ne veux pas m’évanouir. Le spasme reprend, mais j’ai au moins pu respirer presque un vrai coup. Je commence à me demander si ça va s’arrêter. Je suis debout, les yeux fermés, les yeux qui coulent tout seuls, j’essaie de détendre mes bronches. Ça se peut, détendre ses bronches? Doucement, après quelques essais, j’ai réussi à expirer, puis à inspirer un peu plus. Et enfin j’ai respiré. Et, j’ai craqué ! Et bébé, jusque-là patient, s’est aussi mis à pleurer.
Je n’ai vraiment pas envie de mourir en manquant d’air. C’est horrible.
Et quand j’ai repensé à tout ça, en tant que vieux sauveteur retraité, je me suis dit: « Mais combien de personnes savent vraiment ce qu’il faut faire dans ces situations? » À quel moment appelle-t-on le 911? À quel moment commence-t-on des manoeuvres de désobstruction? Combien de temps quelqu’un peut-il survivre avec un si mince filet d’air pour l’alimenter en oxygène?
On devrait tous suivre des cours de désobstruction et réanimation cardiorespiratoire. L’effet d’une manoeuvre commencée tôt dans le processus peut ni plus ni moins sauver la vie d’une personne. Et plus souvent qu’autrement, cette personne est un proche, un parent, en frère, un enfant.
Quelques heures seulement pour garder près de vous les gens que vous aimez, ça vaut le coup, non?
Cours offerts par la Croix-Rouge
Cours offerts par la Fondation des maladies du coeur
Programme de réanimation de la Fondation des maladies du coeur
Cours offerts par la Société de sauvetage
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